Le monde en train

Courriels reçus le 11 janvier 2023 par l’une de nos voyageuses :

Réponse des chemins de fer croates :

Poštovani,
Vlakovi prema BiH ne prometuju.
Međunarodni promet vlakova između Hrvatske i Srbije je obustavljen do daljnjeg te za sada nemamo informaciju o ponovnom uspostavljanju navedene linije.

Traduction : Les trains vers la Bosnie-Herzégovine ne fonctionnent pas. Le trafic ferroviaire entre la Craotie et la Serbie a été suspendu jusqu’à nouvel ordre, et nous ne disposons à l’heure actuelle d’aucune information sur le rétablissement de cette ligne.

Réponse des chemins de fer serbes :

La Serbie n'a pas de trains internationaux. (en dehors visiblement d'un petit train vers Bar sur la côté du Montenegro)

Il y avait jusqu’à récemment, et ce malgré la disparition du bien pratique train de nuit direct Paris – Munich, pléthore d’itinéraires pour aller de France en Serbie en train. Nous détaillons les deux itinéraires qui nous semblent les plus pratiques. Dans les deux cas, il faut compter un peu plus de 24h.

1. Via Munich et Budapest : Paris ➔ Munich en fin d’après-midi, suivi de Munich ➔ Budapest en train de nuit, et enfin Budapest ➔ Belgrade en train de jour
2. Via Zurich et Zagreb : Paris ➔ Zürich en milieu d’après-midi, suivi de Zürich ➔ Belgrade en train de nuit puis de jour (via Zagreb)

L’option 2 a l’avantage de ne demander qu’un seul changement (à Zurich). Oui mais (car il y a un mais), un changement de wagon (mais non de train) est nécessaire à Zagreb… et on ne peut pas acheter le tronçon restant sur le Web, ce qui complique un petit peu les choses. On vous explique tout ça plus bas.

Option 1. Paris Belgrade via Munich et Budapest

1. Paris ➔ Munich en partant en fin de journée
2. Munich ➔ Budapest en train de nuit
3. Budapest ➔ Belgrade en train de jour

Ceci signifie que, en partant dans l’après-midi, on arrive en début de soirée à Belgrade le lendemain, soit un trajet d’un peu plus de 24h.

Voir cette carte ferroviaire en plein écran

Train Paris ➔ Munich

Un TGV SNCF classique, avec l’inconfort qui va avec.

Attention, le train direct Paris Munich ne circule pas tous les jours à cet horaire ; parfois, il arrive trop tard (ou en tout cas trop juste) pour attraper le train de nuit vers Budapest, auquel cas mieux vaut partir de Paris plus tôt par un ICE de la Deutsche Bahn et changer à Stuttgart ou Mannheim (le prix sera grosso modo le même, voire même moins cher en achetant à l’avance : 49€ en première classe).

Train Munich ➔ Budapest (« Kálmán Imre »)

Ce train est un train de nuit NightJet Partner de l’ÖBB autrichienne reliant la capitale bavaroise à la capitale hongroise. Entre les deux, il roule à une vitesse d’escargot, et fait surtout des longues, très longues escales en Autriche : près de 3h d’attente à Salzbourg (où il s’accroche, se décroche, se raccroche à tout plein d’autres voitures, notamment ceux du EN466 Wiener Walzer en provenance de Zürich), puis de nouveau près d’une heure à Vienne.

Sièges non inclinables, compartiments couchettes à 6, compartiments à 4, et cabines pour 1, 2 ou 3 avec un lavabo privé. Bouteilles d’eau fournies gratuitement. Les draps sont lavés, par contre les matelas peuvent être assez sales…

Attention, les horaires semblent changer d’un jour à l’autre.

Récit d’un voyage sur ce train (en anglais, mais avec photos) datant de 2016 : Train 463 - The Kalman Imre from Munich to Budapest.

Train Budapest ➔ Belgrade (« EuroCity Avala »)

Un train escargot qui se promène à toute petite vitesse de Budapest à la frontière Hongrie-Serbie, au grand maximum 60 km/h. Et, passée la frontière… il ralentit encore pour ne plus dépasser 40km/h… Slow travel, on vous dit.

Le train est confortable, avec chauffage/climatisation, et 2 prises électriques dans chaque compartiment de 6 personnes. Toilettes plutôt correctes.

Bizarrement, à part la couleur des sièges, la première classe ne diffère pas du tout de la seconde (même nombre d’occupants par compartiment, notamment). Seul avantage à payer deux fois plus cher : il n’y a personne (et pour cause !).

Hors période de rush, inutile d’acheter le billet à l’avance : le prix ne varie pas, et le train est rarement plein.

Petite originalité : il y a à la fois une voiture-bar (avec un vrai bar, comprendre avec plein de boissons alcoolisées) et une voiture-restaurant (ou plutôt une voiture avec d’un côté un bar et de l’autre un restaurant).

Le bon plan : déjeuner ou dîner à la voiture-restaurant, avec des plats faits maison et préparés à la demande. Compter 6 à 8€ pour un plat, 1€50 environ pour les boissons. Les cartes de crédit sont théoriquement acceptées mais, quand on a pris ce train, elles ne fonctionnaient pas. En revanche, la plupart des monnaies européennes sont acceptées pour le paiement (dont l’euro, évidemment), à un taux de change tout à fait acceptable (voire plus intéressant que le cours officiel…!).

À la frontière, on quitte d’abord la Hongrie, dont la police des frontières monte à bord pour vérifier les passeports (ou carte d’identité pour les Européens). Puis le train repart sur quelques kilomètres (au cours desquels on peut « admirer » la clôture anti-migrants construite par la Hongrie en 2016), et c’est au tour du contrôle serbe. Là encore, des policiers monteront à bord vérifier les documents. Total des formalités : près de deux heures tout compris (prévues dans le temps de parcours… en principe).

Le paysage est plat et paisible, avec un mélange de bosquets, de fermes et de marais bordés de roseaux. À la frontière côté serbe, ne pas manquer la surprenante collection de vieilles locomotives et wagons, parqués près du poste frontière.

Option 2. Paris Belgrade via Zagreb

Cette seconde option pour aller de Paris à Belgrade est alléchante, puisqu’elle ne comprend qu’un unique changement à Zurich, suivi de près de 24h dans le même train. Oui mais voilà : dans le même train certes, mais pas dans le même wagon. Ni avec le même billet.

On vous explique. Acheter votre billet Paris Zurich sera un jeu d’enfant. Pour la suite, le site de l’ÖBB ne vend pas le billet Zurich Belgrade dans son intégralité, mais seulement Zurich Zagreb. Et le tronçon restant Zagreb Belgrade n’est vendu nulle part sur Internet. Or la durée de la correspondance à Zagreb (officiellement une petite demi-heure, mais dans les faits à cause du retard quelques minutes, le temps de changer la loco) risque de ne pas vous permettre de sauter du train, courir au guichet des chemins de fer croates, faire la queue, vous faire (mal) comprendre, réaliser que le paiement par carte n’est pas possible ce jour-là, chercher un distributeur… oui, vous avez compris, votre train est déjà parti depuis longtemps.

Alors il reste trois solutions :

1. Patienter 24h à Zagreb, et prendre le train le lendemain (mais cela rallonge le voyage de façon absurde)
2. Tenter d’acheter le billet auprès du contrôleur dans le train
3. Acheter le billet dès Zürich, mais plus cher

Nous n’avons pas testé la seconde solution (mais sommes intéressés par vos retours le cas échéant).

Nous avons opté pour la troisième solution, qui a l’avantage de rendre le voyage serein (juste un petit changement de wagon à faire à Zagreb), et l’inconvénient de le rendre plus onéreux. En effet, outre les 10F de taxe que prennent les chemins de fer suisses, la compagnie suisse vous facture le tarif international maximum, soit 65F, donc bien au-delà du tarif que vous auriez obtenu au guichet de la gare de Zagreb. En 2018, ce simple tronçon Zagreb Belgrade nous a donc coûté 75F à la gare de Zurich (auquel il faut bien évidemment ajouter le tarif du Zurich Zagreb).

Notons que, dans tous le cas, les voitures couchettes s’arrêtent à Zagreb, remplacées par des voitures à sièges. Ou, plutôt, les wagons à sièges s’accrochent dès l’Autriche mais, à ce moment-là, vous dormez et n’avez aucune envie de changer de wagon en pleine nuit, surtout pour vous retrouver sur un siège. Pas vrai ?

Allez, et maintenant voyons les trains dans le détail.

Train Paris Gare de Lyon ➔ Zürich

Le TGV Lyria fonce sur la ligne à grande vitesse au départ de Paris Gare de Lyon, se traîne comme un escargot jusqu’à Dijon, fonce de nouveau sur la LGV Rhin-Rhône de Dijon à Mulhouse, puis se traîne de nouveau jusqu’à Zürich.

Côté confort, c’est la famille TGV : confort correct, mais pas à la hauteur comparé à ses homologues allemand ou japonais.

Deux classes de confort, nommées Standard (équivalent 2^e classe) et Standard 1^e (équivalent 1^e classe). Depuis fin 2017, il existe une troisième classe de voyage, nommée Business 1^e, avec boissons à discrétion, service de restauration chaude à la place, à des prix plus élevés mais fixes.

Escale à Zurich

On vous aura prévenu : la gare de Zurich est plutôt propre, mais par ailleurs l’une des pires du monde. Commerces hors de prix, pas de Wi-Fi ni de prises électriques, et probablement les toilettes les plus chères du monde. L’idéal est d’avoir emmené son pique-nique depuis la France.

Train Zürich ➔ Zagreb

Quoique faisant partie du réseau Nightjet de l’ÖBB (qui vend aussi les billets), ce train de nuit est en fait un NightJet Partner, donc sans le grand confort des NightJet. Le train est néanmoins propre et relativement confortable : compartiments à six sièges non inclinables (argh…!), compartiments à 6 couchettes et compartiments à 4 couchettes.

Bouteille d’eau et petit-déjeuner (comportant une boisson chaude et l’éternel croissant au chocolat des trains est-européens) offerts en compartiments couchettes.

Prises électriques dans les compartiments couchettes.

Le site de l’ÖBB parle de douches en option dans les cabines à 1, 2 ou 3, mais nous n’en avons pas vu. Il semble aussi que ces cabines à 1, 2 ou 3 ne roulent pas toutes les nuits.

Hasard de la géographie : ce train de nuit traverse le Liechtenstein (sans s’y arrêter).

Train Zagreb ➔ Belgrade

Train en bon état, mais ni prises électriques, ni Wi-Fi, ni restauration.

Le problème, ce sont les toilettes. Avant, c’était simple, la cuvette donnait directement sur la voie, ça n’était pas toujours propre mais enfin ça faisait l’affaire. Dans ce train, les toilettes sont désormais toutes chimiques… et rapidement toutes bouchées quand nous l’avons pris, et donc absolument inutilisables. Pas l’idéal pour un trajet de près de sept heures, pas vrai…?

Alternatives de Paris à Belgrade

Paris Belgrade via Budapest

Il existe de nombreux itinéraires ferroviaires entre Paris et Budapest. Voir la page Paris Budapest en train pour des connexions ; de Budapest, il suffit en suite de prendre le train Budapest Belgrade que nous donnons plus haut ; mais ces options alternatives sont a priori plus lentes que celle donnée sur cette page.

Paris Belgrade via Zagreb

Voir Paris ➔ Zagreb en train pour d’autres trajets de la France vers Belgrade via la capitale croate.

Retour sur un voyage en train de Paris aux Balkans en train

Nous publions ci-dessous le témoignage d’Aurélien (31 ans, Paris), qui a réalisé un voyage de Paris vers les Balkans en 2019, via Belgrade.

Pratique

Prix du voyage en train de Paris à Belgrade

En achetant les billets à l’avance, voici les tarifs que nous avons obtenus (en 2017) : Paris Munich à 49€ en première classe (la seconde classe étant à peine moins chère voire même plus chère s’il s’agit d’un TGV, voir ci-dessus), Munich Budapest à 29€ (en siège), et enfin Budapest Belgrade à 16,50€. Soit un total de 95€ environ (rajouter au moins 10€ pour une couchette dans le Munich Budapest). Au dernier moment, le Paris Munich coûtera beaucoup, beaucoup plus cher ; en revanche, les deux autres billets coûteront probablement un prix similaire.

En achetant dès l’ouverture des ventes (généralement 90 jours avant le départ du train), la 1^e classe sur le Paris Munich (Deutsche Bahn) est presque au prix de la seconde. Explications : en achetant un billet de seconde classe, on doit payer des suppléments (notamment la réservation), mais pas en première. Au final, le prix est quasiment le même pour les tarifs les moins chers.

Une remarque, un témoignage, une correction ?

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Crédit

La photo en haut de cet itinéraire ferroviaire est Belgrade, Serbia par ASWD (Creative Commons Zero).